07/02/2007

Avis de décès sur les DRM

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Je suis tombé sur l’info via le blog de Calacanis hier soir et elle suscite ce matin un beau torrent de posts. Oui, Steve Jobs a bien annoncé que la musique sous DRM était une mauvaise voie et qu’Apple entendait s’investir rapidement dans un modèle de contenus numériques sans DRM. C’est un tournant. le propos est consistant et argumenté, il est pragmatique et lucide sur la réalité des usages, sur les conditions d’un développement massif de l’économie culturelle dématérialisée légale. Il est aussi bougrement malin en terme de marketing et de communication.


Il a donc suffit d’un an, après la DADVSI, pour que l’évidence s’impose. Ce n’est pas le réseau qui doit se plier à l’économie des biens culturels telle qu’elle existe, c’est l’économie qui change pour s’adapter à ce que veulent les consommateurs. Comme le souligne Ratiatum, Jobs enfonce un clou déjà bien engagé, à l’heure où un modèle économique sans DRM commence à faire son trou, d’une part, et où iTunes est condamné ou sur la sellette juridique en Europe. À l’heure ou Microsoft vient de lancer le Zune, en copiant le modèle lancé par Apple il y a cinq ans, Jobs consolide la position dominante d’Apple en ne se contentant pas de concéder simplement son DRM, il le fait disparaître.
Jobs met ce qui est devenu l’erreur DRM sur le compte des majors. Il est vrai qu’elles ont appuyé dans le sens du conservatisme plutôt que du changement. Lors du Festival de Romans, j’avais assisté à une excellente table ronde, où des producteurs, artistes et labels nous avaient évoqué une économie sans DRM, basée sur une démultiplication des sources de rémunération et surtout des expériences prometteuses de co-production associant le public à la production des oeuvres et donc de la création.
Un autre monde économique est possible pour la culture, il suffit de ne pas oublier que le consommateur a aussi un rapport particulier à l’art qu’il consomme et qu’il est prêt à dépenser de l’argent pour croire en un artiste ou pour vivre une expérience qui ne se limite pas à un fichier ou une boîte en plastique. On attend donc avec impatience iTunes sans DRM et avec intérêt le modèle économique qui s’y développera, en espérant qu’il n’y aura pas que de la pub dedans. À la créativité d’Apple de nous démontrer son savoir-faire en ce domaine.

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