25/05/2005

Dématérialisation des marchés publics : où sont les entreprises ?

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Lors de Cinquièmes assises du Net de Nice, l’ADAE a dressé un bilan contrasté de la dématérialisation des marchés publics. Celui-ci présente en effet le paradoxe qui est d’avoir d’un côté un dynamisme fécond du côté des collectivités et administrations (90% de celles qui ouvrent plus de 100 marchés par an !) et de l’autre un volume de réponse électroniques ultra-anecdotique. Un exemple éclairant de l’absence de l’usager dans la démarche.


L’ADAE a parfaitement réussi sa conduite du changement du côté public. Il y a d’abord eu une impulsion efficace de la loi, puis une perception d’intérêts bien menée de la chose. Ainsi, la pertinence en terme de coûts et d’efficacité a fait mouche. Enfin, ici ou là, le changement s’est couplé de la mise en place d’une gestion mutualisée, notamment à l’échelle de communautés de communes, voire de régions comme en Bourgogne.
Il n’en est pas de même du côté des entreprises. Il semble bien qu’elles n’ont entre autres pas cru à l’adhésion massive des collectivités et administration ou pas pensé que les plateformes allaient devenir des outils centraux. On ne peut pas en outre nier des doutes sur la fiabilité du système, plus en terme procédural que technique d’ailleurs. Enfin, l’échec de la diffusion de la signature électronique aurait du mettre la puce à l’oreille.
On ne peut donc que constater la réalité d’un fossé que l’on pressentait bien sur le terrain.
Du jour au lendemain, un certain nombre de collectivités et d’administration ont préféré publier leurs marchés sur des rubriques et plateformes en lignes plutôt que par les voies traditionnelles. Outre que ce phénomène de transfert n’inquiète nullement et à mon grand étonnement les organes de presse qui vivent grassement de ces publications, les entreprises sont restées à attendre l’information là où elle n’était plus. Ainsi, le tissu local de PME qui répondait traditionnellement aux mises en concurrences se trouve marginalisé. C’est particulièrement criant pour les simples mises en concurrence.
Certaines mairies ont pris conscience du problème et c’est à ce moment là que l’on a pu mesurer combien le secteur public préjugeait de la réactivité des entreprises et anticipait sur un besoin qui n’existait clairement pas de ce côté.
Outre un manque criant de préparation et d’accompagnement au changement à destination des entreprises par les initiateurs de plateformes, on ne peut que constater qu’il n’y a eu aucune approche utilisateur amont de ce côté.
Voilà donc un chapitre de plus à la longue anthologie des études de cas montrant combien se reposer avant tout sur la technologie ne suffit absolument pas.
Maintenant, il est sûr que la faillite des usages du côté de l’utilisateur final terni le tableau, va gripper quelque peu le dynamisme de déploiement des plateformes, mettre le doute sur la pertinence de ce changement et donc renforcer les arguments et le poids de ceux qui freinent à l’innovation et au changement. Déjà que le texte réglementaire a pu paraître timoré à certains, l’impulsion publique ne va pas en sortir renforcée.
D’un autre côté, il faut espérer que cela va enfin inciter les pouvoirs publics à se soucier de l’appropriation des TIC dans les entreprises et les PME en particulier. On ne peut pas dire en effet que ce soit le siège d’un grand dynamisme (cf des articles antérieurs). Maintenant que l’administration électronique sait gérer ses projets en interne, il est temps qu’elle se préoccupe sérieusement de l’usager final et de son appropriation, car elle ne va pas de soit.

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