10/07/2005

La part du net dans le 29 mai (2)

Author: Romain Dehaudt, Head of Revenue & Operations

Confirmation des réflexions développées dans mon billet du 19 juin dernier, dans une étude mise en exergue dans Le Monde, aujourd’hui.


Franck Ghitalla, Maître de Conférence à l’Université de Compiègne a étudié plus de 2,5 millions de pages web publiées sur le thème de la constitution, en France.
À peine un tiers des sites concernés supportaient le Oui et seulement un quart de ceux-ci apparentés à l’UMP. Le parti au pouvoir était donc marginalisé sur le réseau.
8 des 10 sites de référence en terme de visibilité étaient des sites du Non et aucun d’eux n’appartient aux médias “traditionnels”.
Plus intéressant, l’étude montre que si les sites du Non étaient plus nombreux, ils étaient surtout plus distribués, avec des animateurs (Fondation Copernic ou Etienne Chouard), interactifs et développaient un réseau plus dense. Le camp des Oui, au contraire, s’est trouvé centré sur deux sites fédérateurs (les amisduoui et ensemblepourleoui).
Les partisans du Non ont donc effectivement compensés leur absence de visibilité dans les vecteurs médias classiques par une forte présence en ligne et un maillage à même de dynamiser leur campagne.
Là où le camp du Oui a reproduit des schémas verticaux en se concentrant sur des sites de références relayant les messages du haut sans susciter de dynamique auprès des électeurs du bas, le camp du Non a développé un maillage de sites très liés et très interactifs propres à dynamiser leurs arguments et affirmer un mouvement de fonds, en bas, dans l’échange avec l’internaute-citoyen.
En soulignant que l’impact du net n’est pas encore au niveau des phénomènes vus lors de la dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis, Franck Ghitalla n’en met pas moins l’accent sur l’urgence pour les partis et médias de considérer le réseau comme un élément clé de la prochaine bataille électorale.
Dans ce domaine, l’expérience du 29 mai montre que la reproduction des schémas verticaux traditionnels est battue en brêche. Elles ne tient en effet aucun compte des maillages horizontaux qui savent tirer parti de l’interactivité et des facteurs d’échanges que permet le réseau, pour générer des espaces de débats dynamiques où le marketing viral est la règle. Pour réussir demain à ce niveau, ce ne sont pas des initiatives venues d’en haut qui compteront, mais celles des militants et notamment de leurs sites, blogs en tête, individuels ou collectifs.

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